Bac L 2012 :
plan détaillé d’un sujet probable de philosophie
Par Laurence Hansen-Love, professeur de philo à Paris et auteur du blog www.hansen-love.com.Le sujet Peut-on être indifférent à la beauté ? |
Le corrigé |
Introduction |
Plan détaillé |
Le propre de l’homme est d’être sensible au beau, contrairement aux animaux qui ne sont touchés que par des formes esthétiques liées à la reproduction (exubérance des traits sexuels chez les animaux, comme la queue du paon ou la pince du crabe violoniste).
1) Tout le monde est capable de percevoir la beauté. C’est particulièrement flagrant pour les beautés naturelles. Qui peut dire n’avoir jamais été ému par la splendeur du ciel étoilé, par exemple, ou par la beauté d’un enfant ?
2) Même si, de fait, chacun sait bien que les canons de la beauté varient selon les époques et les cultures (la figure de la belle femme, tantôt opulente, tantôt filiforme).
3) Tous les hommes apprécient la beauté, mais pas toujours selon les mêmes codes. Ce qui donne l’impression, fallacieuse, que certains hommes ne goûtent pas la beauté en général. Les œuvres d’art sont particulièrement tributaires de normes conventionnelles ou de préjugés.
Conclusion. Ne pas confondre la beauté et les manifestations diversifiées de la beauté.
II – De fait, certains hommes se croient indifférents à la beauté
Il est courant d’entendre des arguments relativistes : “À chacun ses goûts” ; “mon goût vaut bien le vôtre”. Et, de fait, il est possible qu’une personne rejette ce que la plupart des hommes jugent beau (comme le Parthénon, le temple d’Angkor, le Pavillon d’or, “la Joconde” ou un opéra de Mozart, par exemple).
1) Beaucoup confondent le beau et l’agréable. Si quelque chose ne nous plaît pas, ou nous laisse indifférent, alors on en conclut (à tort) : “Ce n’est pas beau.”
2) Certains disqualifient le beau au profit de l’utile, ou du plaisant ou du divertissant. “Je suis indifférent au beau” ici signifie en réalité : je préfère ce qui est plus facile et plus accessible à ce que d’autres trouvent “beau” (par exemple, je choisis un film distrayant et joyeux plutôt qu’un film lent et mélancolique, mais “beau” selon les critiques éclairés).
3) Au sein même de l’univers esthétique, certains valorisent le “laid” (l’informe, le difforme, le scandaleux, la violence, le choc, etc.), qu’ils nomment éventuellement “beau”. Il faut alors un certain niveau de culture esthétique pour apprécier des œuvres délibérément arides au premier abord. C’est le cas par exemple de films violents qui agressent délibérément le spectateur (Orange mécanique de Stanley Kubrick).
Conclusion. La diversité des sensibilités esthétiques ne témoigne pas d’une indifférence à la beauté.
III – L’indifférence (apparente ?) au beau s’explique par une défaillance ou une altération du goût
Ce n’est pas parce que le goût est naturel (comme la raison, comme le bon sens) qu’il ne doit pas être éduqué, comme l’explique Rousseau (texte en annexe). S’il n’est pas éduqué, il peut être dévoyé ou étouffé.
1) Le sentiment du beau est subjectif : seul un sujet éprouve du plaisir. Le bon goût ne peut être transmis par qui que ce soit à qui que ce soit ! Le plaisir, en effet, ne peut être imposé ni inculqué, le jugement esthétique ne peut être contraint. S’il l’est, le jugement n’est pas sincère (conformisme).
2) Pourtant le jugement de goût prétend légitimement à l’universalité (Kant). Si quelque chose (un spectacle, une mélodie…) est beau, tout le monde finira par le reconnaître, comme c’est arrivé pour les œuvres des peintres impressionnistes.
3) Pour développer son goût, il faut des conditions (voir les arguments de Rousseau ci-dessous). Il faut pouvoir échapper aux modes comme à toute forme de conformisme esthétique ou culturel. Le goût doit être libre, le jugement de goût ne peut être “suiviste”.
Conclusion. Le goût, qui est naturel, doit être éduqué. Cette éducation concerne la sensibilité. Il ne s’agit pas d’un savoir abstrait, académique ni scolaire (“Le beau est sans concept”, Kant).
Conclusion générale |
Annexe |
Source : www.leutudiant.fr
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