Explications de textes

Explications de textes
une mine d’information pour le bachelier un peu perdu : des cours très bien construits, des sujets et des corrigés gratuits.

samedi 4 juin 2011

Bac L 2012 : plan détaillé d’un sujetTout le monde est capable de percevoir la beauté probable de philosophie

Bac L 2012 :

plan détaillé d’un sujet probable de philosophie

Par Laurence Hansen-Love, professeur de philo à Paris et auteur du blog www.hansen-love.com.
Le sujet
Peut-on être indifférent à la beauté ?

Le corrigé

Introduction
Il est indéniable que la capacité d’apprécier les belles choses, de prendre du plaisir à la contemplation du beau, est l’un des propres de l’homme. Pourtant, certaines personnes, dans certaines circonstances, semblent être indifférentes à la beauté, ou plus exactement à certaines manifestations de la beauté. La question est donc celle-ci : comment cette apparente indifférence à la beauté doit-elle être interprétée ? La capacité d’apprécier les belles choses peut-elle être brouillée, inhibée, suspendue ? Mais ne s’agit-il pas – plutôt que d’une absence de sens esthétique – d’une inversion ou d’une perversion du goût ? Car il est difficile de croire que certains hommes puissent être totalement et définitivement indifférents à toute beauté, à tous les types de beauté.

Plan détaillé
I – Par définition le beau ne peut pas laisser indifférent
Le propre de l’homme est d’être sensible au beau, contrairement aux animaux qui ne sont touchés que par des formes esthétiques liées à la reproduction (exubérance des traits sexuels chez les animaux, comme la queue du paon ou la pince du crabe violoniste).

1) Tout le monde est capable de percevoir la beauté.
C’est particulièrement flagrant pour les beautés naturelles. Qui peut dire n’avoir jamais été ému par la splendeur du ciel étoilé, par exemple, ou par la beauté d’un enfant ?

2) Même si,
de fait, chacun sait bien que les canons de la beauté varient selon les époques et les cultures (la figure de la belle femme, tantôt opulente, tantôt filiforme).

3) Tous les hommes apprécient la beauté, mais pas toujours selon les mêmes codes.
Ce qui donne l’impression, fallacieuse, que certains hommes ne goûtent pas la beauté en général. Les œuvres d’art sont particulièrement tributaires de normes conventionnelles ou de préjugés.

Conclusion.
Ne pas confondre la beauté et les manifestations diversifiées de la beauté.
II – De fait, certains hommes se croient indifférents à la beauté
Il est courant d’entendre des arguments relativistes : “À chacun ses goûts” ; “mon goût vaut bien le vôtre”. Et, de fait, il est possible qu’une personne rejette ce que la plupart des hommes jugent beau (comme le Parthénon, le temple d’Angkor, le Pavillon d’or, “la Joconde” ou un opéra de Mozart, par exemple).

1) Beaucoup confondent le beau et l’agréable.
Si quelque chose ne nous plaît pas, ou nous laisse indifférent, alors on en conclut (à tort) : “Ce n’est pas beau.”

2) Certains disqualifient le beau au profit de l’utile, ou du plaisant ou du divertissant.
“Je suis indifférent au beau” ici signifie en réalité : je préfère ce qui est plus facile et plus accessible à ce que d’autres trouvent “beau” (par exemple, je choisis un film distrayant et joyeux plutôt qu’un film lent et mélancolique, mais “beau” selon les critiques éclairés).

3) Au sein même de l’univers esthétique, certains valorisent le “laid”
(l’informe, le difforme, le scandaleux, la violence, le choc, etc.), qu’ils nomment éventuellement “beau”. Il faut alors un certain niveau de culture esthétique pour apprécier des œuvres délibérément arides au premier abord. C’est le cas par exemple de films violents qui agressent délibérément le spectateur (Orange mécanique de Stanley Kubrick).

Conclusion.
La diversité des sensibilités esthétiques ne témoigne pas d’une indifférence à la beauté.

III – L’indifférence (apparente ?) au beau s’explique par une défaillance ou une altération du goût
Ce n’est pas parce que le goût est naturel (comme la raison, comme le bon sens) qu’il ne doit pas être éduqué, comme l’explique Rousseau (texte en annexe). S’il n’est pas éduqué, il peut être dévoyé ou étouffé.

1) Le sentiment du beau est subjectif : seul un sujet éprouve du plaisir.
Le bon goût ne peut être transmis par qui que ce soit à qui que ce soit ! Le plaisir, en effet, ne peut être imposé ni inculqué, le jugement esthétique ne peut être contraint. S’il l’est, le jugement n’est pas sincère (conformisme).

2) Pourtant le jugement de goût prétend légitimement à l’universalité (Kant).
Si quelque chose (un spectacle, une mélodie…) est beau, tout le monde finira par le reconnaître, comme c’est arrivé pour les œuvres des peintres impressionnistes.

3) Pour développer son goût, il faut des conditions
(voir les arguments de Rousseau ci-dessous). Il faut pouvoir échapper aux modes comme à toute forme de conformisme esthétique ou culturel. Le goût doit être libre, le jugement de goût ne peut être “suiviste”.

Conclusion.
Le goût, qui est naturel, doit être éduqué. Cette éducation concerne la sensibilité. Il ne s’agit pas d’un savoir abstrait, académique ni scolaire (“Le beau est sans concept”, Kant).


Conclusion générale
Le goût est, comme le bon sens, la chose du monde la mieux partagée. Toutefois, il peut être dévoyé par la mode, par le conformisme culturel (la tyrannie de l’opinion), la vanité (“mon goût vaut bien le vôtre”), la sottise (absence de curiosité). La sensibilité s’éduque, tout comme l’intelligence.


Annexe
“Le goût est naturel à tous les hommes, mais ils ne l’ont pas tous en même mesure, il ne se développe pas dans tous au même degré, et, dans tous, il est sujet à s’altérer par diverses causes. La mesure du goût qu’on peut avoir dépend de la sensibilité qu’on a reçue ; sa culture et sa forme dépendent des sociétés où l’on a vécu. Premièrement il faut vivre dans des sociétés nombreuses pour faire beaucoup de comparaisons. Secondement il faut des sociétés d’amusement et d’oisiveté ; car, dans celle d’affaires, on a pour règle, non le plaisir, mais l’intérêt. En troisième lieu il faut des sociétés où l’inégalité ne soit pas trop grande, où la tyrannie de l’opinion soit modérée, et où règne la volupté plus que la vanité ; car dans le cas contraire, la mode étouffe le goût ; et l’on ne cherche plus ce qui plaît, mais ce qui distingue.” Jean-Jacques Rousseau, Émile, livre IV
Source : www.leutudiant.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire